Guess Clinic

Le plus beau des packages La formule “tourisme esthétique” attire de plus en plus de patientes étrangères au Maroc. Elle s’est tellement développée que les autorités françaises ont décidé de l’interdire. Chifaâ Nassir

Le prix d’une augmentation mammaire varie entre 25 et 30.000 Dh

Florence Nicolas, actrice française qui vient de s’offrir une liposuccion chez un chirurgien esthétique à Casablanca, a fièrement affiché sa nouvelle silhouette lors d’un reportage diffusé le 15 juillet, lors du téléjournal de la télévision belge RTLB. «C’est dans ce cadre enchanteur sur l’Atlantique que j’ai passé un séjour formidable après mon opération. Le tout ne m’a coûté que 2.200 euros», a-t-elle déclaré. Si cette actrice a choisi le Maroc, c’est que les coûts des opérations esthétiques y sont plus faibles qu’en France. A titre d’exemple, le prix d’une liposuccion, plus un séjour d’une semaine, commence à partir de 16.000 Dh, une augmentation mammaire varie entre 25 et 30.000 Dh. Alors qu’en Europe, il faut débourser entre 5000 et 6000 euros, l’équivalent de plus de 50 à 60.000 Dh, pour ce type d’opération.  Passer un séjour agréable au Maroc, acquérir l’apparence de ses rêves et repartir doré de soleil et en meilleure forme, le tout à un prix moitié moins élevé que celui affiché en Europe. Aujourd'hui, cette nouvelle formule séduit de plus en plus les Françaises. Elles arrivent à un nombre tellement important que le ministère français de la Santé a décidé, le 6 juillet 2005, d’interdire aux tour-opérateurs et agences spécialisés cette formule de package chirurgie-vacances. «Le tourisme médical est, certes, une tendance séduisante par le prix, la qualité des soins, d’accueil et de séjour, mais qui n’est pas dénué de risques en l'absence de garanties offertes par ces agences», a argumenté la Direction générale française de la Santé. Docteur Mohamed Guessous. L’un des chirurgiens les plus recommandés de la place. Cette formule est surtout développée en Tunisie, avec le célèbre promoteur Estetika tour, qui organise depuis quelques années les voyages «Chirurgie tourisme», en proposant des formules intéressantes pour les Français. La Turquie et l’Afrique du Sud ont également investi dans ce créneau. Au Maroc, cette tendance n’est pas bien développée, par manque d’agences de tourisme spécialisées dans le domaine. Toutefois, des médecins ont commencé, individuellement, à s’y intéresser depuis 2003, notamment le Dr Mohamed Guessous en chirurgie esthétique et Dr Hicham Benbrahim en médecine dentaire. Les chirurgiens esthéticiens marocains approuvent la décision du ministère français d’interdire ce package commercial. «Il ne faudrait pas que l’agence se substitue au médecin ou joue le rôle de l’intermédiaire entre ce dernier et son patient. Nous souhaitons développer une nouvelle façon de venir au Maroc, à condition qu’elle respecte la déontologie de la profession», explique un chirurgien plasticien. Les chirurgiens esthéticiques marocains modernisent leurs offres et innovent pour attirer les clients étrangers en leur offrant une combinaison exceptionnelle de loisirs et de beauté à travers leurs propres sites internet, sans passer par une agence. «C’est surtout le bouche à oreille qui a développé cette pratique au Maroc d’abord avec des patientes françaises installées au Maroc. 80% de mes clientes visitent le Maroc pour la première fois», explique Dr Mohamed Guessous, qui reçoit en moyenne, depuis deux ans, 4 à 5 clientes étrangères par semaine,  «Après un premier contact avec mon médecin via internet, j’ai opté pour un pack incluant une pose de prothèses mammaires et une liposuccion», explique Stéphanie, Française propriétaire d’un salon de coiffure. «En plus, je profite de 12 jours dans un palace à Casablanca avec thalassothérapie et même un week-end pour découvrir Marrakech», ajoute-t-elle, toute rayonnante et fière de son corps ferme qui la rajeunit de plusieurs années. Chaque année, des millions de touristes se rendent à Casablanca et Rabat, surtout en provenance de France, de Belgique de Suisse et même d’Afrique pour profiter du savoir-faire de spécialistes en chirurgie esthétique à petit prix. Le climat agréable, les magnifiques plages ou le large éventail de loisirs que propose le Maroc encouragent un afflux considérable d’Européens soucieux de leur apparence.  Selon le docteur Mohamed Guessous, les opérations les plus cotées sont le lifting, la liposuccion, la greffe de cheveux, la chirurgie des seins et la lipostructure. Ce médecin passe pour l’un des chirurgiens les plus recommandés de la place. Dans son placard, il garde en souvenir une série de cartes postales et lettres de ses patientes satisfaites du résultat de leur opération et de leur séjour. Il garde également des reportages publiés sur plusieurs journaux et magazines étrangers comme Santé Magazine ainsi que sur des chaînes de télévision comme l’émission Les coulisses du pouvoir diffusée sur France 2 qui évoque la qualité des soins proposés au Maroc. D’autres patients optent pour la chirurgie dentaire, qui coûte excessivement cher en Europe et aux Etats-Unis. A travers des sites web réalisés par certains chirurgiens esthéticiens marocains, les inscriptions se font en ligne (www.esthetique.maroc.com). Cela permet d’éviter les salles d’attente puisque les listes sont souvent très longues, et quelquefois des mois sont nécessaires avant d’obtenir un rendez-vous. «J’ai contacté mon médecin 3 mois à l’avance pour un lifting facial. J’ai dû attendre mon tour puisque les demandes sont nombreuses, mais je ne l’ai pas regretté. Le résultat de l’opération est satisfaisant ainsi que mon parcours dans le sud marocain», explique Sophie, une infirmière belge venue se faire opérer en couple. Son mari, Raphaël, a, quant à lui, fait une greffe de cheveux.  «La cliente envoie un cliché de photos de la partie de son corps qu’elle souhaite refaire. Ensuite, le dossier médical est préparé au préalable avant le rendez-vous au Maroc», explique Dr Guessous Mohamed, qui propose par la suite à ses patientes des packages selon leurs moyens et leurs envies pour rendre leur séjour plus agréable.  Toutefois, les chirurgiens esthéticiens marocains précisent qu’ils optent pour les interventions légères, qui ne nécessitent pas de soins particuliers ou une anesthésie générale, pour éviter toute complication.  L’interdiction du ministère de la Santé pourrait difficilement détourner les patientes françaises de cette formule, intéressante à plus d’un titre. Elles, qui doivent attendre une année entre la première consultation et l’opération en France en y mettant toutes leurs économies, se laissent volontiers séduire par l’offre marocaine de packages chirurgie esthétique et tourisme. L’internet et la bonne réputation des médecins suffisent. Le coup de bistouri du ministère français de la santé ne touchera pas l’activité au Maroc. Journal Maroc Hebdo